Le Code des investissements de 2002 présente certes des faiblesses, mais il reste l’instrument par excellence en termes de promotion des investissements en République Démocratique du Congo. Si, la réflexion s’oriente aujourd’hui autour de la révision de ce Code des investissements, l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI) se félicite de la belle progression des investissements agréés entre 2020 et 2022. Sur 278 projets d’investissements soumis à l’agrément aux avantages du Code des investissements, 43% des projets ont été agréés jusqu’au mois d’octobre 2022 pour une valeur de 4.054.255.906 USD. Autant dire que, malgré quelques ajustements indispensables, le climat des affaires se porte bien en RDC.

La RDC a opté pour une économie de marché dans lequel, le secteur privé est le principal moteur de la croissance. A ce titre, l’investissement privé est une condition préalable indispensable à la croissance économique. Dans les pays en développement, les pays émergents comme dans les économies en transition, l’investissement constitue une source importante de croissance des revenus, de création d’emplois, de transfert de technologies et de modernisation de l’outil de production. Il s’agit de fixer un cadre réglementaire approprié pour l’investissement qui a toujours été une préoccupation fondamentale des responsables des politiques relatives à l’investissement.

Quoi que soumis à quelques ajustements pour le rendre plus attractifs et l’adopter au contexte actuel, le Code des investissements de 2002 reste un outil de référence en termes d’attractivité de l’environnement des affaires de la RDC. Au-delà du Code des investissements, la RDC a mis en place un arsenal juridique des réformes pour améliorer le climat des affaires et attirer de plus en plus les investissements tant direct étranger que des nationaux.

Qu’en a-t-il été de la période 2020 – 2022 ? La RDC continue-t-elle encore à attirer des investissements ? C’est l’exercice auquel s’est livré l’ANAPI en mettant en exergue les projets agréés au Code des investissements pour la période allant de 2020 à 2022, présentés selon leurs secteurs d’activités (Services, Industrie, Agriculture et Exploitation forestière et Infrastructures), leurs sous-secteurs (branches) ainsi que selon l’origine de leurs capitaux (investissements directs étrangers et investissements nationaux).

SITUATION GÉNÉRALE DES DÉCISIONS D’INVESTISSEMENT

Selon les données primaires de l’ANAPI, arrêtées au mois d’octobre 2022, 278 projets ont été enregistrés aux avantages du Code des investissements.

Quand bien même les données de l’année 2022 sont partielles, l’ANAPI a enregistré 43% des projets agréés de la période avec un volume de décision d’investissement au mois d’octobre de 44% du total de la période, représentant 4.054.255.906 USD.

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« Cette performance est consécutive à différentes stratégies de promotion des opportunités d’investissement et de l’image positive du pays malgré les difficultés d’ordre sécuritaire dans l’Est auxquelles le gouvernement fait face », se félicite l’ANAPI, dans un document interne consulté par Econews.

Contrairement à l’année 2019 qui a connu le volume d’investissement le plus bas de la période, soit 1,05 milliard USD, consécutif, selon l’ANAPI, au contexte post-alternance démocratique issue des élections de 2019 et au début de la première vague du Coronavirus et ses conséquences, l’année 2020 a connu « une embellie à la suite de différentes mesures mises en place pour résorber les effets de la crise liée à la pandémie de Covid-19, notamment dans l’amélioration du climat des affaires, particulièrement dans domaine des finances publiques avec la baisse ou la suppression de certaines taxes, celles-ci ont permis à ce volume de rebondir à 2,49 milliards USD en 2020, passer à 2,67 milliards USD en 2021 et culminer en début du dernier trimestre de l’année 2022 à 4,05 milliards de dollars américains ».

La belle progression de l’année 2020 a témoigné du « caractère résilient de l’économie congolaise qui, après avoir subi les perturbations liées successivement à la pandémie de Covid-19 et au conflit russo-ukrainien, a maintenu une bonne trajectoire de croissance. En effet, alors que la croissance prévisionnelle était de 5,7%, le taux réel s’élève à 6,2% en 2021, surclassant celui de la sous-région d’Afrique subsaharienne qui a enregistré un taux réel de 4,1% pour la même année. La contribution du secteur non-minier à ladite croissance est de 3,2% contre 3% du secteur minier, traduisant ainsi les efforts fournis par le gouvernement dans la diversification de l’économie du pays ».

En termes de décisions d’investissement par secteur d’activités, sur la période sous analyse, en 2022, le secteur de l’industrie est en tête avec 1,7 milliard USD, suivi de celui des infrastructures avec 1,27 milliard USD et les services avec 1,09 milliards USD. Paradoxalement à cette évolution, le secteur de l’agriculture est toujours à la traine avec deux projets pour un volume d’investissement de 18.940.276 USD et 140 emplois à pourvoir pour toute la période sous examen.

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Ce qui présente un contraste par rapport aux immenses potentialités agricoles de la RDC.

Avec son potentiel agronomique exceptionnel et une superficie de terres agricoles inégalée en Afrique, la RDC est à même de nourrir 2 milliards de personnes. La RD Congo dispose de plus de 80 millions de terres arables dont moins de 10% sont actuellement exploités. Le gouvernement s’attèle à relancer ce secteur grâce à des actions de désenclavement des viviers agricoles. En effet, la construction et la réhabilitation des routes de desserte agricole permettront d’acheminer la production vers les centres de consommation.

L’ANAPI rappelle que cette épineuse question est prise en compte dans un volet de mise en œuvre du Programme de Développement Local de 145 territoires qui favorise le développement des infrastructures dans les provinces et l’interconnexion de ces dernières. Mais aussi, dans le Plan Directeur d’Industrialisation qui permettra la création d’une véritable chaîne de valeur, nécessaire pour aboutir à une diversification de l’économie congolaise. Il conviendrait de réaliser une bonne allocation des ressources budgétaires afin de soutenir les différents programmes sectoriels.

Quant aux décisions d’investissement suivant l’origine des capitaux, au cours de cette période, un volume d’investissement d’environ 10,23 milliards USD a été réalisé avec 4,05 milliards pour la seule année 2022, dont 3,53 milliards USD d’IDE et 522,64 millions d’investissements nationaux. Il se dégage ainsi une tendance particulièrement positive pour l’année 2022, soit un accroissement de 51,68% par rapport à l’année précédente. Ainsi pour la période 2019-2022, l’on enregistre 7,88 milliards d’IDE et 2,40 milliards d’investissements nationaux, soit respectivement 76,65 % et 23,35% dudit volume. En termes de nombre de projets et d’emplois à potentiels, les IDE demeurent en tête avec 144 projets et 16 006 emplois à pourvoir.

A ce sujet, l’ANAPI note que « la stabilité du cadre macro-économique du pays, couplée à la bonne performance de l’économie, a constitué un élément d’attrait non négligeable pour les IDE », rappelant que l’année 2022 encore en cours, enregistre déjà un accroissement de 120% en termes de volume d’IDE attirés.

En termes des décisions d’investissement selon les provinces, la répartition des décisions d’investissements sur le territoire national demeure « disparate ». En effet, en termes de volume, la ville de Kinshasa ainsi que les provinces du Lualaba, du Haut-Katanga et du Sud-Ubangi ont été celles qui ont enregistré les chiffres les plus importants dépassants 1 milliard USD. Il convient de signaler qu’il y a certains projets d’investissement qui sont interprovinciaux et occupe la deuxième position en termes de nombre (44), mais en tête pour ce qui concerne les emplois potentiels, 8 341 emplois et le volume 3,23 milliards USD.

« D’une façon globale, sur les 26 provinces du pays, il y a 19 provinces qui ont vu les investissements se réaliser dans leurs espaces mais de manière disproportionnée. Il existe des provinces telles que le Kasaï Central, le Maï-Ndombe, le Bas-Uélé, le Kwango, le Haut-Lomami et la Lomami qui n’ont enregistré aucun projet dans leurs espaces. Les efforts de promotion devront être multipliés pour attirer les investissements dans ces coins de la République en vue de contribuer à la création de richesse et d’emplois. Les décisions d’investissement se sont concentrées essentiellement vers les provinces qui présentent un minimum d’infrastructures et d’intégration d’activités. Ainsi, pour permettre à toutes les provinces d’avoir une base sur laquelle reposeront les investissements, il faudrait mettre en exécution le Programme de Développement Local de 145 territoires », fait observer l’ANAPI.

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QUE RETENIR DE CES TENDANCES ?

« Les tendances en termes d’attractivité tant des IDE que des investissements locaux montrent que la RDC est sur la bonne direction en dépit des turbulences et soubresauts de l’économie mondiale. Le rôle de l’ANAPI dans la relève de la pente à travers des activités de promotion est indéniable malgré les contraintes financières », se félicite l’ANAPI.

De l’avis de l’ANAPI, les statistiques de la période 2020 – 2022 révèlent que, malgré situation de la pandémie de Covid-19 qui a secoué les économies de tous les pays du monde, y ajouter les conflits entre la Russie et l’Ukraine, la RD Congo devient de plus en plus attractif et une destination des investissements comme le montre le nombre et le volume croissant des IDE, allant jusqu’à 120% d’accroissement pour le volume, entre 2021 et 2022 en dépit des déséquilibres sectoriels et provinciaux.

Malgré cette évolution « positive », l’ANAPI appelle à la prudence et rappelle que « le Gouvernement devra davantage fournir des efforts dans la poursuite des réformes économiques et des dispositifs juridiques en vue de rendre la RD Congo véritablement une destination privilégiée des investissements au centre de l’Afrique et au regard de ses énormes potentialités ».

« Pour ce faire, poursuit-elle, cela nécessite l’allocation des ressources importantes pour des actions de promotion d’envergure à travers des secteurs prioritaires en vue de la diversification de l’économie nationale ».

C’est à ce prix, prédit l’ANAPI, que certaines provinces, à l’instar de l’Equateur, du Kasaï Oriental, du Sud-Ubangi, du Haut-Uélé et de l’Ituri, redeviendront « propices à recevoir des projets d’investissement ».

A tout prendre, dans une perspective optimiste, l’ANAPI est d’avis que « les réformes entreprises, associées à la mise en œuvre du Programme de Développement Local de 145 territoires, le Plan Directeur d’Industrialisation et d’autres programmes sectoriels, constitueront, une fois réalisés, un catalyseur économique favorisant une intégration interprovinciale, un accroissement du marché intérieur et l’existence d’un support minimum en infrastructures pour attirer plus d’investissements et hisser le pays parmi les meilleures économies du continent ».